« L’islam n’est plus une religion qui vient de l’étranger »

C’est au lendemain de l’attentat qui avait touché la Mosquée Rida à Anderlecht que nous avons rencontré Sarah Turine. Ce jour-là, l’enquête était toujours en cours, mais ce fut l’occasion pour cette islamologue de formation de donner son point de vue sur l’islam à Bruxelles, « une religion qui compte dans la capitale ».

« Il y a aujourd’hui à Bruxelles 250 000 personnes qui sont considérées comme étant d’obédience musulmane, dont 125 000 pratiquants. En tant que politique, on ne peut nier cette réalité et on doit tout mettre en place pour que la pratique du culte puisse se faire dans de bonnes conditions. » Selon l’élue écolo, c’est un point qui est en nette amélioration. Par contre, au niveau local, ce qui est plus sensible c’est la bonne entente qu’il faut organiser entre le rythme scolaire et le rythme des écoles coraniques, l’équivalent des cours de catéchisme pour les catholiques. « Selon certains enseignants que j’ai pu rencontrer, beaucoup de parents demandent que les enfants aient un suivi très assidu de ces écoles coraniques. Il ne faut pas que cela se fasse au détriment de l’apprentissage scolaire. Dans ce cas-ci, je pense que des discussions doivent se mettre en place entre l’échevin de l’instruction publique et les responsables des mosquées qui organisent ces cours. »

Quant à savoir si certains conflits internationaux pèsent sur l’islam à Bruxelles, la question est plus délicate. « Je pense que cela peut se ressentir, et il faut pouvoir en parler. C’est ce que font d’ailleurs les responsables de l’islam en Belgique. Pour cette question comme pour celle de l’islamisme radical, qui est minoritaire à Bruxelles, la responsabilité se situe au niveau fédéral. Quelle aide l’état donne-t-il pour une bonne organisation de l’islam belge ? Le problème pour l’instant c’est qu’il y a une influence très forte de certains pays extérieurs sur l’organisation du culte en Belgique. Certains imams sont envoyés et ne connaissent pas la réalité belge, ne parlent ni le français ni le néerlandais. Quels discours donnent-ils aux jeunes ? Dans chaque religion, le sermon est un moment important de recul et de réflexion entre les valeurs religieuses et la société dans laquelle on vit. Mais si le sermon est donné par quelqu’un qui est en déphasage avec la réalité, cela ne va pas. En tant que politiciens, notre rôle est de faire en sorte qu’un islam belge puisse réellement se mettre en place. Pour cela, il faut d’abord que l’on puisse accepter cette présence de l’islam en Belgique et le fait que ce n’est plus une religion qui vient de l’étranger. »

Bosco d’Otreppe

Mars 2012

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